On entend sculpter la pierre
Frère Antoine - "Les chansons du Rocher"
On entend sculpter la pierre
Au portail du cimetière
et c’est toujours sans ennui
Qu’on y lit le nom d’autrui.
D’un pas distrait on avance
Au-devant de l’ambulance
et on prend en plein brouillard
Pour le bus le corbillard.
A la mort je me prépare
et comme le chef de gare
Je contemple sans émoi
Le monde tourner sans moi.
tout nouveau-né l’apprécie
Mais qui a passé sa vie
A en changer le décor
Le trouve pire à sa mort.
Quand ma pendule intérieure
Sonnera sa dernière heure
il me mettra dans son lit
en faisant gui li gui li.
C’est un beau cadeau céleste
Que de pouvoir d’un coeur céleste
S’envoler sans tralala
De l’ici dans l’au-delà.
S’il en est qui se cramponnent
Quand on les désemprisonne
C’est parce qu’ils ont vécu
ensuqué dans la sécu.
Sur la mort je ne m’attriste
Qu’en cas d’un mauvais artiste
Qui veut faire des extras
en se cramponnant aux draps.
La couronne mortuaire
rassure le mort sous terre
Par sa forme en grand zéro
Qu’il serait dessus en trop.
La vie et la mort sont grandes
Quand on en fait une offrande
Un être clair, bon, nu, meurt
en parfaite bonne humeur.